11 nov. 2010


Publication d’un rapport sur les conditions d’un engagement de la France dans la défense anti-missile balistique de l’OTAN, Par M. Josselin de ROHAN, sénateur.

Morceaux choisis du rapport de monsieur de Rohan

Aujourd’hui, la menace balistique sur le territoire national ou même sur le territoire européen par des pays proliférant est faible. Ce n’est pas tant notre territoire national qui peut être menacé, que nos forces déployées en opérations extérieures, nos points d’appui au Moyen-Orient et en Afrique et nos alliés dans cette région du monde.

Puissance souveraine et qui entend le rester, la France ne peut faire l’impasse sur les développements à venir en matière de défense antimissile balistique sans compromettre l’autonomie stratégique qu’elle tire de sa force de dissuasion.

Une absence d’implication européenne dans la défense anti-missile accentuerait également sa relative perte d’influence au niveau mondial
, dans la mesure où elle serait dans l’impossibilité d’apporter la moindre contribution aux besoins de protection que pourraient exprimer ses partenaires et alliés dans ce domaine.

Elle affaiblirait également l’industrie de défense européenne sur les marchés liés à la défense anti-aérienne et, plus globalement, réduirait sa compétitivité en accentuant le « gap » technologique avec l’industrie américaine.

Les forces de la France
La France possède un savoir-faire unique en Europe en matière balistique
. Elle a mis en service le SAMP/T, doté d’une première capacité de défense de théâtre contre les missiles balistiques « rustiques ». A travers son industrie, elle participe à l’élaboration du système de commandement et de contrôle (C2) de l’espace aérien de l’OTAN dont la fonction serait élargie à la défense du territoire européen contre les missiles balistiques.

Toutefois, la plupart de ces programmes ou compétences ne sont pas financés à la hauteur nécessaire pour garantir la synchronisation avec le calendrier envisagé à l’OTAN. La mise en oeuvre autonome du SAMP/T, contribution française au programme ALTBMD, supposerait de disposer d’un radar mobile, modulaire, multifonctions (M3R) dont l’entrée en service n’est pas prévue avant le début de la prochaine décennie. Les programmes liés à l’alerte avancée sont encore au stade de démonstrateurs.

DÉFINIR CLAIREMENT LES CONDITIONS NÉCESSAIRE A L’ENGAGEMENT

Notre pays doit tout d’abord obtenir que soit réaffirmé le rôle central de la dissuasion dans la protection des territoires et des populations contre la menace balistique
. La défense anti-missile ne pourra intervenir qu’en complément et non pas en substitut à la dissuasion.

Notre pays doit encourager l’initiative du secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, d’associer la Russie à la mise en place d’une défense anti-missile couvrant les territoires et les populations…

Enfin, notre pays doit insister pour que les ambitions assignées à la défense anti-missile de l’OTAN demeurent réalistes, c'est-à-dire ne laissent pas prospérer l’illusion d’un bouclier sans faille, et adaptées à l’évolution de la menace.

Accentuer notre investissement
Le système de défense anti-missile de théâtre SAMP/T doit pouvoir être mis en oeuvre de manière autonome à une échéance plus rapprochée, en accélérant la réalisation du radar M3R, afin de consolider la contribution française au programme ALTBMD de l’OTAN.

L’effort visant à acquérir une capacité d’alerte spatiale dans la seconde moitié de la décennie doit être maintenu et si possible accéléré afin d’honorer les rendez-vous calendaires envisagés.
La France doit développer ses compétences dans les technologies de l’interception, ne serait-ce que pour assurer la crédibilité de la dissuasion. L’enveloppe consacrée aux études-amont devrait être majorée. Un volume annuel supplémentaire de l’ordre de 50 millions d’euros de crédits de recherche et de technologie serait de nature à répondre à cet objectif.

TRAVAILLER À UNE RÉPONSE SPÉCIFIQUEMENT EUROPÉENNE

La France doit sensibiliser tous ses partenaires européens à l’enjeu que représente la possession de certains moyens propres en matière de défense anti-missile balistique. L’Italie est présente à nos côtés dans la réalisation du système SAMP/T et il conviendrait de conforter ce partenariat.
…Dans le cadre du partenariat stratégique qui nous lie désormais au Royaume-Uni, depuis les accords de Londres. L’alerte avancée, étant donnée sa contribution essentielle à l’autonomie stratégique, apparaît comme un domaine prioritaire de coopération.



CONCLUSION
La progression continue des capacités balistiques dans le monde renforce l’intérêt militaire de la défense anti-missile. Ses retombées technologiques seront importantes. Ceux qui la détiennent bénéficieront en outre d’un levier d’influence considérable.
Pour ce qui la concerne, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a décidé de lancer une mission d’information et de suivi sur la défense anti-missile balistique .
photo : samp/T


Commentaire questions defense

La défense anti-missile n'a jamais été perçue en France comme une priorité, en raison principalement de la dissuasion. La DAMB commence à devenir un enjeu stratégique pour plusieurs raisons.
Comment rester compétitif sur le marché de l’armement si nous ne proposons pas à nos alliés des solutions dans ce domaine ?
Comment protéger nos unités ou nos bases qui seraient exposés a cette menace ?
La défense anti-missile comme le missile est donc devenue pour la France un enjeu important pour la survie de sa recherche militaire. La technologie radar est aussi une comptence reconnue des industriels francais qu'il faut entretenir et valoriser.

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